« Basilique Saint-Etienne de Neuvy-Saint-Sépulchre, ancienne collégiale Saint-Jacques », par Gérard Guillaume

Nous remercions chaleureusement Gérard Guillaume, président de l’association « Les Amis de La Basilique« , pour cette présentation de la Basilique de Neuvy Saint Sépulchre, qu’il a rédigée.

La basilique Saint-Etienne, ancienne collégiale Saint-Jacques, a été construite du XIème au XIIIème siècles. Cette église a été fondée par le Seigneur Eudes de Déols, revenant d’un voyage en Terre Sainte, accompagné de chevaliers du Bas-Berry. Le monument imite le Saint-Sépulcre de Jérusalem.

L’édifice et ses dépendances étaient groupés dans l’enceinte d’un “ château fortifié par des murs et protégé par un large fossé ”. Cet enclos servit, à plusieurs reprises, de refuge à la population.

Description

Cet édifice reste aujourd’hui un trésor de l’art roman, bien que sa renommée soit due aussi au Pèlerinage du Précieux Sang. La basilique abrite en effet depuis 1257 (suite à la croisade du roi saint Louis) quelques gouttes du sang du Christ qui font l’objet annuellement d’une procession célébrée le lundi de Pâques.

La rotonde de 22 mètres de diamètre et haute de 16 mètres, est composée de trois niveaux avec déambulatoire. Elle est supportée par 11 colonnes, représentant les onze apôtres – après la trahison de Judas. Chaque colonne est ornée de chapiteaux sculptés figurant le combat entre les forces du Bien et les forces du Mal (souvent des chats). Cette rotonde est prolongée à l’est d’une nef à chevet plat, couverte d’ogives et encadrée de bas-côtés surmontés de tribunes (effondrées du côté nord).

Dévotion à Saint Jacques

Si la rotonde porta dès son origine le nom de « Saint Sépulchre », la basilique qui la prolonge fut placée à la fin du Moyen Age sous le vocable de Saint-Jacques-le-Majeur. Toutefois l’absence d’archives locales – qui ont brulé en 1524 – ne nous permet pas d’affirmer quelle était la fréquence des passages de pèlerins. En tout cas la constitution d’un chapitre en 1228 (l’église prenant alors le titre de collégiale)  permet de supposer qu’ils étaient suffisamment nombreux pour assurer l’entretien d’une dizaine de chanoines.

Iconographie Jacquaire

Lors de travaux d’aménagements opérés dans les combles voici plusieurs décennies, un buste fut découvert représentant un personnage coiffé d’un chapeau. Sur celui-ci et sur son manteau figurent plusieurs coquilles Saint-Jacques.

En 2010, a été installée à droite sur une colonne de la nef, près du chœur, une statue polychrome (fin XVe ou début XVIe siècles). Il s’agit d’une oeuvre anonyme représentant un personnage tenant la couronne d’épines. Il pourrait provenir d’un ensemble monumental lié à la Passion. 

Neuvy sur le chemin de Compostelle

Le lien le plus évident de Neuvy avec d’autres biens est la forme de sa rotonde. De ce point de vue un rapprochement évident peut être fait avec Saint-Léonard de Noblat en Limousin.

Neuvy était à l’origine un lieu de pèlerinage local, commémorant le voyage de chevaliers berrichons à Jérusalem, Mais, progressivement, en raison du danger de la route qui menait en Palestine, puis la perte des lieux saints, les pèlerins accordèrent une grande importance à ces représentations d’un sanctuaire devenu inaccessible. 

Personnages importants pour l'édifice

La réputation d’Eudes de Déols, fondateur de la collégiale, était grande. En 1024, Hildegarde, écolâtre de Poitiers, qui s’était rendu à Rome, conseillait à son retour, à Fulbert de Chartres, de ne pas manquer, « s’il traverse le Berry, de converser amicalement avec Eudes de Déols, homme de grande sagesse ». 

Le cardinal Eudes de Châteauroux, à l’origine de l’arrivée en 1257 des reliques du Précieux Sang à Neuvy, fut légat du pape et conseiller de Saint Louis (il procéda à la dédicace de la Sainte-Chapelle de Paris bâtie pour abriter la couronne d’épines du Christ). Toute sa vie, ce théologien chercha à mettre en avant l’humanité du Christ Rédempteur.

Groupement de fidèles dévôts

En 1621, se déroula le “ Grand Miracle ”. Menacés par les débordements de la rivière voisine (la Bouzanne), les habitants supplièrent les chanoines de sortir les reliques. La chronique rapporte qu’en leur présence, les eaux reculèrent… Une confrérie, qui existe toujours, fut constituée la même année, en action de grâce. 

Informations complémentaires

Classée “monument historique” en 1847.

En raison des pèlerinages séculaires organisés en ce lieu, le Saint-Siège éleva l’ancienne collégiale au rang de « basilique » en 1910.

Aujourd’hui, cet édifice est à la fois un lieu d’accueil des pèlerins (la messe y est célébrée tous les jours), de dialogue entre les cultures et un cadre culturel vivant, où se déroulent toute l’année des concerts, des visites guidées et, chaque été, une exposition, associant découverte patrimoniale et création artistique, qui est ouverte au premier étage de la rotonde.

Le pèlerinage du Précieux-Sang est toujours célébré à Neuvy-Saint-Sépulchre chaque Lundi de Pâques

Neuvy fait partie du Pays de George Sand

Découvrez le programme de Neuvy sur les chemins de Saint Jacques, 20 ans au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Bibliographie
–  « Notice sur le Précieux Sang de Neuvy Saint Sépulcre », CAILLAUD. Bourges. 1865
–  « Le Précieux Sang de Neuvy Saint Sépulcre », BEDU. Bourges. 1903
–  « Neuvy Saint Sépulcre. Les Gloires de son Passé » PIETU, Bourges, 1920.
–  « Recherches sur Neuvy Saint Sépulcre et les monuments de plan ramassé ». Henri Perrault-Desaix. Presses Universitaires de France. Paris. 1931. Réédition « Le Livre d’Histoire », Paris, 2002. Préface de Gérard GUILLAUME
– « Les Eglises de l’Indre », ouvrage collectif (dont Gérard GUILLAUME), 2004, Patrimoines et Médias, 79230 PRAHECQ
– « La Collégiale (et Basilique) de Neuvy Saint-Sépulchre », guide descriptif, Gérard GUILLAUME, Edition de la Paroisse du Saint-Rédempteur de Neuvy-Cluis et des « Amis de la Basilique de Neuvy-Saint-Sépulchre », Imprimerie le Trépan, Argenton-sur-Creuse, 2004. 
– « Le diocèse de Bourges », sous la direction de Guy DEVAILLY, Paris, Letouzey et Ané, 1973.
– « L’art roman en Berry » par R. CROZET, Paris 1932.
– « Les églises de l’Indre », François DESHOULIERES, 1936.
  • « Saint-Benoit-sur-Loire et la sculpture du XIe siècle », Eliane VERGNOLLE, Picard, Paris, 1985.
– « L’art sacré » n°16, 2002, article de l’abbé François Garnier sur les chapiteaux de Neuvy.
– « Belles comme un rêve de pierre, Sculptures de l’Indre », ouvrage collectif sous la direction de Michel MAUPOIX, 2011.
– « La légende de saint Jacques et l’histoire », Monique DELCLAUX et Gérard GUILLAUME, Bulletin des Amis du Vieux La Châtre, n°1, décembre 2009.
– « Guide des églises de la Vallée Noire », Gérard GUILLAUME, La Bouinotte, novembre 2011.
– « Spécial Compostelle », n° 159, Neuvy-Saint-Sépulchre et Vic, Le Monde de la Bible, mai-juin 2004.
Site internet exclusivement dédié au monument 
http://neuvysurleschemins.fr 
http://www.torep.fr/neuvy/

Photos: torep.fr / Sarah Tuchscherer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *